René HOUAT (1912~2009)
Responsable clandestin du PCF en 1944 – Président du Comité insurrectionnel de Nice (Duchêne)
Le 27 août, nous avons décidé d’appeler la population à se battre dès le lendemain. L’insurrection était devenue nécessaire pour éviter la destruction de la ville avec ses habitants. Nous l’expliquions sans cesse dans les Entreprises et dans les rues, à l’aide de tracts. Dans le dispositif FTPF, nous avions inclus les Comités populaires et de quartier. Nous avions réussi l’union de tous et après quelques réunions, tout était au point. La grève générale a commencé le 16 août. L’organisation était parfaite.
Le 28 août à 6 heures, les combats commençaient. Les Comités populaires recevaient des armes, des explosifs, de la poudre, de l’essence. On fabriquait des baïonnettes, on réquisitionnait des armes chez les armuriers, Au quartier général, nous recevions des nouvelles : des blockhaus étaient pris ainsi que des camions allemands, des grenades, des fusils. Des prisonniers étaient parqués dans un garage. La population, affamée par l’action des alliés en guerre et par le sabotage des partisans de Vichy, se battait aussi pour le pain. Nous avons réquisitionné de la farine, des biscuits et du chocolat pour les distribuer. La grève s’élargissait. Les paysans des collines nous ravitaillaient comme ils pouvaient. Dans tous les quartiers, les fusillades étaient victorieuses. La préfecture et la mairie furent occupées.
Enfin, alors que nos munitions commençaient à s’épuiser, l’ordre de repliement fut trouvé sur un général allemand abattu. La nuit tombait et les fusillades s’espaçaient. Dès lors, la victoire était acquise.